Parler à l’histoire : les débuts de la politique de désinstitutionnalisation

Parler à l’histoire : les débuts de la politique de désinstitutionnalisation

Green Chinese takeaway boxPoints clés

  • Comprendre les circonstances et les idées derrière les politiques de désinstitutionnalisation et la façon dont elles ont façonné les pratiques au quotidien et la vie des utilisateurs;
  • Identifier les façons par lesquelles les virulentes critiques et la discipline caractéristiques des anciens hôpitaux psychiatriques de long séjour ont été reproduites au sein du système de santé mentale bureaucratisé et les services sociaux communautaires de la période de la désinstitutionnalisation;
  • Reconnaître les impacts négatifs de la désinstitutionnalisation, parmi lesquels l’exclusion sociale et économique, le logement inadéquat et l’itinérance, la stigmatisation et la discrimination.

Three green gears working togetherDes contenus

Les contenus de cette unité, qui comprennent des documents historiques sur la santé mentale communautaire précoce et les réflexions d’initiés datant de cette époque, suscitent une conversation historique du développement et de l’éthique de la santé mentale communautaire au Canada. Un exemple de ce procédé est la juxtaposition du Plan de la Saskatchewan, de 1957 officiel et les réflexions de l’experte communautaire Jayne Whyte sur les limites du système mis en place.  

transcript  

D’autres documents ainsi que des réflexions sont disponibles dans Des contenus : Parler à l’histoire – Saskatchewan et Québec.

Green kitchen weigh scaleÉvaluation des contenus

Green hand-held magnifying glassObjectifs pédagogiques

dessin architectural de bâtiments résidentiels
Plan architectural de la Saskatchewan pour la santé mentale communautaire, années 50.

Les sources historiques et les commentaires présentés dans cette leçon mettent en lumière la transition d’un système de santé mentale institutionnalisé à un système communautaire et peuvent être présentés sous forme de lecture par les enseignants ou explorés individuellement par les étudiants. Pourquoi regarder vers le passé pour former de futurs praticiens? Comme toute personne travaillant dans le domaine ou utilisant les services vous le diront, les mérites du système de santé mentale communautaire est toujours un sujet sensible et continue de faire l’objet de débats passionnés. Pourtant, cette histoire contestée est encore méconnue des historiens, des praticiens de même que des décideurs politiques. Peu savent quelles valeurs animaient les bâtisseurs du système de santé communautaire ou quelles politiques innovatrices ont finalement été abandonnées au cours des premières années de la mise en place du système communautaire.

Des professionnels en santé mentale travaillent chaque jour avec l’héritage de la désinstitutionnalisation psychiatrique, et avoir une perspective de longue durée sur la santé mentale communautaire les aidera à devenir des praticiens avertis et attentionnés. Avec ceci en tête, nous avons remis une série de documents historiques liés au projet de désinstitutionnalisation à deux personnes, respectivement de Regina et de Toronto, qui ont connu de près la santé mentale communautaire – en tant qu’utilisateurs et activistes – et nous leur avons demandé de partager avec nous leurs réflexions. Leurs pensées et les documents qu’ils commentent sont présentés ici et constituent un outil pédagogique unique. Les enseignants peuvent choisir de mettre l’accent sur des documents et commentaires audio d’une région ou utiliser l’ensemble de ceux-ci.

Three green gears working together within a picture frameMise en contexte des components

Le projet de désinstitutionnalisation peut être considéré comme la politique sociale la plus importante qu’a connu le Canada dans la seconde moitié du 20esiècle, entraînant entre 1965 et 1980 la fermeture de près de 50 000 lits au sein d’institutions vieillissantes à travers le pays, et de quelques milliers d’autres au cours des 25 années suivantes. Touchant tous les secteurs de la société canadienne, la désinstitutionnalisation a affecté l’économie, le monde du travail, la santé publique, l’organisation sociale, l’éducation et les droits humains. L’impact de cette transition fut profond : les contours thérapeutiques et professionnels des soins ont été redéfinis, de nouveaux réseaux ont été mis en place chez les utilisateurs et le paysage social des communautés a été transformé d’une façon dont les architectes de la santé mentale communautaire n’avaient jamais imaginée.

La principale —et prémisse —de la fin de l’utilisation des grands hôpitaux psychiatriques résidait dans l’intégration des anciens patients au sein de la société. Mais la marginalisation de personnes étiquetées comme psychiatrisées a persisté sous différentes formes. À partir de la fin des années 1970, le souci de limiter les dépenses a supplanté l’intégration sociale comme moteur de la désinstitutionnalisation. La transinstitutionnalisation, par laquelle les patients ont été redirigés vers une série de plus petits ensembles institutionnels —incluant des résidences, des maisons de chambres, des foyers d’accueil et même des prisons —s’est peu à peu imposée. Aujourd’hui, les patients psychiatriques ne sont plus confinés dans des hôpitaux de long séjour, mais leurs vies demeurent contraintes par les règles et restrictions de la bureaucratie de la santé mentale et des services sociaux et par la réalité financière des ressources en santé mentale. Le mot «traitement» apparaît souvent comme un abus de langage pour définir la série de rencontres limitées avec les médecins de famille, les équipes de santé mentale communautaire, les infirmiers en santé mentale ou les policiers. L’isolement social, une identité profondément stigmatisée, l’exclusion du marché du travail, la pauvreté persistante et même l’itinérance caractérisent le vécu de plusieurs personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale.