Parler à l’histoire – Saskatchewan et Quebec
Minutage : 40 minutes
Les textes, commentaires audio et sources historiques primaires qui suivent permettent aux étudiants d’explorer les idées derrière la désinstitutionnalisation. Ces ressources auto-dirigées se prêtent bien à une classe inversée avec une discussion en classe ou en ligne ou à une activité d’apprentissage. En travaillant en classe ou en ligne, les enseignants et apprenants peuvent sélectionner des ressources selon le temps disponible et en fonction d’un intérêt géographique ou thématique particulier.
Demandez aux étudiants de s’inspirer des thèmes suivants dans leur exploration du matériel :
- Transition d’un système de santé mentale institutionnel vers un système communautaire
- Marginalisation économique et sociale
- Pertinence et conséquences des politiques de réduction des dépenses
- Ressources sous-développées en santé mentale communautaire
- Paternalisme, inégalités du pouvoir, hiérarchies professionnelles
- Mouvement des survivants psychiatriques
- Engagement communautaire et contribution
- Politique développée par les utilisateurs de services
Saskatchewan
Jayne Whyte est une historienne, une auteure, une activiste à l’Association canadienne de santé mentale et une utilisatrice de longue date des services de santé mentale en Saskatchewan. La Saskatchewan a commencé à explorer l’idée d’un système de santé mentale communautaire lorsque Tommy Douglas était premier ministre dans les années 1950. Jayne Whyte était alors adolescente. Le Plan de la Saskatchewan, dont les détails sont présentés dans le premier des articles joints, a proposé une division de la province en huit régions administratives, dans l’optique que chacune puisse développer un ensemble de centres et de ressources locaux en santé mentale. Des préoccupations financières par rapport au coût des anciennes institutions en santé mentales sont évoquées, mais l’essentiel est consacré à une présentation de la nécessité d’atténuer la stigmatisation entourant la santé mentale et à la réhabilitation psycho-sociale des patients psychiatrisés. Le second article joint fut écrit par trois architectes de Regina chargés de mettre en application ces réformes au point de vue des infrastructures.
Le Plan de la Saskatchewan est l’histoire d’une politique prometteuse en santé mentale qui a été abandonnée avant d’être mise en pratique. Lorsqu’il est devenu clair que ni le gouvernement fédéral ni la communauté médicale n’allaient supporter un modèle basé sur des soins offerts par des médecins salariés travaillant dans des installations gouvernementales, la province des Prairies a préféré opter pour une politique agressive de désinstitutionnalisation et de réduction des dépenses consacrées aux services de santé mentale. De 1963 à 1970, suivant cet agenda, le nombre de patients dans les deux principaux hôpitaux psychiatriques de la province a chuté, mais l’essentiel des ressources communautaires prévues par le projet initial sont demeurés sous-développées. Jayne Whyte traite des projets initiaux et de ce qui a réellement été mis en place sur le terrain.
Écoutez Jayne Whyte évoquer le fossé entre les promesses portées par les initiatives communautaires prévues à l’origine en Saskatchewan et la dure réalité du système auquel elle a dû faire face en tant que patiente en santé mentale.
Québec
Luc Vigneault fut longtemps condamné à la chaise berçante. Mais malgré son trouble de santé mentale, il a regagné une vie satisfaisante. Il travaille présentement comme pair-aidant, consultant à l’Institut universitaire en santé mentale de Québec, affilié à l’Université Laval. De plus, il est chroniqueur hebdomadaire pour le site web.
Son savoir expérientiel l’a mené à être chargé de cours à la faculté de médecine à l’université de Laval. De plus, Luc Vigneault est formateur sur le processus du rétablissement pour divers établissements du réseau de santé et des services sociaux du Québec.
Co-auteur du livre Je suis une personne, pas une maladie paru aux Éditions Performance et auteur du DVD Chaise berçante à vendrequi témoigne de son cheminement entre un diagnostic au pronostic sombre et son rétablissement, Luc Vigneault est également membre du Réseau Mondial de Pratique Clinique (RMPC) de l’Organisation Mondial de la Santé (OMS).
Président fondateur des Porte-voix du rétablissement (Association québécoise des personnes vivant (ou ayant vécu) un trouble mental), Luc Vigneault est un modèle d’espoir et de persévérance, et ce, grâce, entre autres, au soutien constant d’hommes et de femmes qui ont troqué sa chaise berçante, où il était condamné, contre l’espoir instauré par le rétablissement.
Dans les mois qui suivent la parution du livre choc de Jean-Charles Pagé, Les Fous crient au secours!, qui dépeint les conditions de vie pitoyables auxquelles sont contraintes les personnes internés dans les hôpitaux psychiatriques du Québec, le gouvernement libéral de Jean Lesage met sur pied une commission d’étude sur les hôpitaux psychiatriques. Composée des psychiatres Dominique Bédard, Denis-Lazure et Charles-A. Roberts, la commission publie son rapport en 1962. Le Rapport de la Commission d’études des hôpitaux psychiatriques, communément appelé Rapport Bédard, met en lumière de nombreuses lacunes dans le système psychiatrique institutionnel et émet une série de recommandations visant à réduire le nombre de patients dans les hôpitaux psychiatriques, à mettre sur pied des ressources communautaires en santé mentale et à favoriser l’intégration des anciens patients psychiatriques à la collectivité. Prenez connaissance de quelques unes des recommandations générales souhaitées par le Rapport Bédard.
Bien que la publication du Rapport Bédardsoit considérée comme l’élément déclencheur de la désinstitutionnalisation au Québec, les recommandations qu’il proposait n’ont pas toutes été appliquées. Alors que certaines ont vite été mises sur pied, d’autres ont tardé à voir le jour. Aussi, le transfert d’un aussi grand nombre de patients des institutions psychiatriques vers la communauté ne se fit pas sans difficultés. Les ressources communautaires naissantes n’étaient pas toujours en mesure d’assurer des services adéquats. De plus, malgré la désinstitutionnalisation, certains professionnels en santé mentale ont continué à adopter une attitude infantilisante héritée de l’époque asilaire. La désinstitutionnalisation n’a pas non plus mis fin à la stigmatisation à laquelle sont toujours confrontées les personnes vivant des problématiques de santé mentale. Écoutez Luc Vigneault raconter son expérience personnelle, faire part des progrès qui ont été réalisés, mais également des principaux problèmes qui persistent dans les soins en santé mentale.