Module : Stigmatisation
Objectifs du module
- Comprendre la complexité des moyens sociaux, professionnels et personnels par lesquels se perpétue la stigmatisation face à la santé mentale (médias, expertise, identité individuelle)
- Comprendre la discrimination et la marginalisation systématiques lorsqu’il est question de santé mentale
- Prendre conscience des changements identitaires qui s’opère lorsqu’une personne entre en relation avec le système de santé mentale
Les components du module
- Des témoignages de première ligne sur la marginalisation, la discrimination et l’activisme naissant à l’époque de la désinstitutionnalisation à Toronto, de Pat Capponi, activiste et auteure de l’autobiographie de 1992 « Upstairs in the Crazy House ».
- Une réflexion sur la distance entre le patient et le praticien. Rédigé par Lanny Beckman, expert communautaire de L’apprendre ensemble.
L’évaluation dans ce module
À partir du matériel qu’ils ont étudié, demandez à vos étudiants d’écrire, en tant que citoyens canadiens, une lettre de 250 mots décrivant une société sans stigmatisation et sans discrimination.
Leur lettre doit être adressée à l’une des personnes suivantes, présentées dans ces modules :
- Pat Capponi
- Lanny Beckman
Objectifs d’apprentissage du module
Au 18e siècle, des Londoniens avaient l’habitude de se rendre à «Bedlam» – une vaste institution pour les fous située aux confins de la ville – pour se divertir les jours de congés en observant les patients. Aujourd’hui, le quartier Dowtown East Side de Vancouver est perçu par certains comme une destination touristique, où les personnes venues visiter la ville peuvent observer la «faune de la rue», comme quelqu’un l’a rapporté dans un récent billet sur internet qui blâmait la fermeture des grands hôpitaux psychiatriques dans ce qui constitue la zone code postal la plus pauvre du Canada. De telles façons de se représenter les individus qui aux marges des normes sociales illustrent à quel point ce type d’attitudes constitue un puissant obstacle à l’inclusion sociale des personnes vivant avec des problèmes de santé mentale. Ces derniers reconnaissent la stigmatisation comme un aspect à part entière de leur souffrance, soulignant qu’une profonde honte internalisée pouvait les réfréner à chercher de l’aide.
La stigmatisation se définit comme une marque de honte ou d’infériorité associée à une circonstance, condition ou personne particulière, et il est largement reconnu que plusieurs personnes au Canada adoptent une attitude négative à l’endroit des problèmes de santé mentale. La discrimination est une action de la stigmatisation, le traitement injuste d’une personne ou d’un groupe sur la base d’un préjugé. Nos experts communautaires font une distinction entre ces deux termes, soulignant que le concept de stigmatisation n’englobe pas l’ensemble des situations de marginalisation qu’ils ont vécues. Alors qu’une discussion axée sur la stigmatisation comprend généralement la discrimination comme étant causée par des stéréotypes, elle reste apolitique et limite les perspectives d’un changement systémique. Nous constatons que les chercheurs se rallient sur un point, à savoir qu’une attention portée à un niveau micro d’actions interpersonnelles masque la marginalisation socio-économique et détourne l’attention des traitements injustes et de la discrimination. Qui plus est, les causes de la stigmatisation prennent davantage racines chez les usagers eux-mêmes que dans un système injuste qui les exclu.
Comment les personnes travaillant en santé mentale peuvent-elles remédier à ce problème? Des chercheurs suggèrent de mettre à l’avant-plan le concept de discrimination. La discrimination souligne le rôle de l’exclusion sociale et structurelle et explique la persistance des inégalités dans la prestation de services et les opportunités pour les personnes ayant des problèmes de santé mentale. Cela recentre la question de la santé mentale à un débat sur les droits civiques et humains et fait de la stigmatisation et la discrimination des formes d’oppression sociale. Dans un paradigme de droits humains, la sourcedu problème se déplace d’individus ayant des problèmes de santé mentale vers la persistance d’un déséquilibre de pouvoir systémique. Cette conception offre un espace pour des initiatives structurelles avec un impact plus profond, telles que des stratégies visant à améliorer les opportunités d’emploi, des revendications réclamant un financement plus juste, une meilleure protection légale pour les personnes ayant des problèmes de santé mentales et de nouvelles pratiques fondées sur la collégialité et les pratiques de collaboration.